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— Faim ? questionna Marie qui ne comprenait pas. Elle se demandait comment on pouvait avoir faim.

— N’as-tu pas goûté ? interrogea-t-elle en jetant un coup d’œil sur la pendule qui ne marquait cependant que dix-sept heures.

— Je n’ai même pas déjeuné, avoua Suzette qui se remettait de sa faiblesse passagère.

— Pas déjeuné ? s’écria Marie au comble de la stupeur.

Cela bouleversait toute sa routine de fillette bien élevée et paisible. Que faisait donc la maman de Suzette pour laisser sa fille sans déjeuner ?

Son amie avait-elle à son actif de nouveaux exploits répréhensibles pour qu’on la punît de cette manière ?

Elle s’imagina que Suzette avait été condamnée au pain sec et à l’eau et qu’elle avait préféré se sauver plutôt que d’accepter ce repas.

Aussi ne bougeait-elle pas. Elle ne se croyait pas autorisée à alimenter Suzette du moment que ses parents en décidaient autrement.

Suzette dit d’une voix faible :

— Je t’en prie, donne-moi quelque chose à manger.

— Je n’ose pas.

— Pourquoi ?

— Je suppose que tes parents t’ont punie et que tu t’es sauvée, ne voulant pas de leur pain sec.