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— Le voici ton pion ! quel sermon pour si peu de chose !

La partie continua sous ces auspices peu favorables et Suzette gagna.

Mlle Duboul n’aimait pas perdre et elle dit aigrement à sa compagne :

— Quand une petite fille joue avec une dame elle la laisse gagner.

— Pourquoi ? demanda Suzette.

— Parce que c’est poli.

— Et ! bien, nous ne jouerons plus, parce que la seule manière intéressante est que celui qui joue moins bien, perde. À quoi servirait de se donner le mal de réfléchir pour ne pas en avoir le bénéfice.

Cette manière de penser stupéfia la cousine qui ne répliqua mot. Elle cacha son embarras sous des plaintes d’enfant martyrisé.

— Appelle Virginie… je souffre.

Suzette sonna pour que la cuisinière vînt :

— Oh ! Virginie, c’est un enfer, ces douleurs !

— Pauvre Mademoiselle ! que désire Mademoiselle ? une infusion ? un cataplasme ? une friction ?

— Non… non.

— Je pense que Mademoiselle dînera ?

— Je ne sais pas.

— En se forçant un peu ?

— Je n’en sais rien.

— Pauvre Mademoiselle.

Cousine Bertille geignait comme un petit agneau qu’on a séparé de sa mère.