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Les deux servantes la contemplèrent émerveillées et dirent entre elles :

— C’est tout de même une bonne petite nature.

— Elle a du cœur.

Or, Suzette réfléchissait beaucoup. Elle n’était plus étourdie. Elle connaissait tous les péchés de son âge qu’il ne fallait pas commettre, et il en était surtout un qu’elle était résolue à ne plus laisser passer.

C’était le mensonge. Suzette était décidée à dire la vérité à tout prix.

Avec une stupeur croissante, elle estimait que la plupart du temps, tout le monde mentait. Ayant dûment constaté ce fait, elle voulait entrer dans le bon combat.

Ce soir-là, M. et Mme Lassonat recevaient à dîner, un ménage de leurs amis : M. et Mme Brabane.

Les deux enfants de ces derniers s’appelaient Marie et Paul. Ils étaient les compagnons de jeux de Suzette et de Bob. Mais ils étaient laids, et il fallait convenir de leur laideur.

Paul possédait un gros nez retroussé, une grande bouche qui s’ouvrait jusqu’aux oreilles quand il riait et il ne s’en privait pas.

Marie était rousse comme un chaudron de cuivre, avec des taches de son qui cachaient le fond de son teint. Elle clignait d’un œil de sorte qu’elle finissait par le rendre plus petit que l’autre.