— Non, répondit Bob.
— Tu as été impoli avec le livreur, tu t’es moqué de ses yeux qui louchent.
— Je lui ai dit qu’il avait de jolis yeux, moi, j’aime ces yeux-là.
L’épicier abasourdi, Mme Lassonat ahurie, Justine atterrée et Sidonie stupide d’étonnement, formaient un tableau qui fit demander à Bob :
— Qu’est-ce que vous avez ?
— Bien… balbutia l’épicier, je ne savais pas que le petit monsieur aimait les yeux loucheurs… Cela change la question. Je vous fais mes excuses pour le dérangement, Madame. Il n’y a rien à dire… mon employé a mal compris. Il est un peu borné. Vous m’excuserez. Pendant que je suis là, je pourrais peut-être prendre une commande.
— Je… demandez à Justine, articula la maîtresse de maison qui se remettait.
Justine qui murmurait : Ah ! ben ! ah ! ben ! en v’là une histoire ! se précipita sur ses boîtes et dit d’un ton d’autorité :
— Voilà : sucre, café, tapioca, nouilles… et pis, j’aime le vermicelle… mettez deux paquets.
Le commerçant souriant, inscrivait sur sa liste, tandis que Mme Lassonat entraînait son fils.
— Enfin, Bob, m’expliqueras-tu ? pourquoi aimes-tu les yeux qui louchent.
— Mais, maman, pourquoi est-ce si extraordinaire de les aimer ? c’est drôle, c’est gai.