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SUR LE SOL D’ALSACE

Un Allemand !… Louise pencha le front.

Combien son rêve s’éloignait !… Déjà, elle souffrait par Wilhelm inconscient, auquel son père rapportait des travestis d’officier de uhlans, des boîtes de soldats. Le petit, très ardent, jouait à la guerre, réclamant des soldats français pour les battre encore.

Elle pressentait que son supplice augmenterait avec l’âge croissant de ses fils.

Herbert finissait son repas. Il la pria de sonner pour lui commander une tasse de café. Elle chassa ses pensées et parla de Fritz.

— Il est timide, craintif… mais si doux… si…

— Intéressant pour une mère, interrompit Herbert, mais pas encore pour moi… Ne le gâte pas trop… songe qu’il faut en faire un homme.

— Il est moins fort que Wilhelm… il demande des soins…

— Je le sais… mais n’exagère pas…

Sur ces derniers mots, il se leva, jetant sa serviette sur la table ; il alluma un cigare pendant que le domestique apportait le café.