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SUR LE SOL D’ALSACE

Savoir que son fiancé ne comptait que des admirateurs, la rendait fière, bien qu’il lui déplût de penser qu’il pourrait être fonctionnaire.

Elle ne le voulait pas… Elle, Alsacienne, être la femme d’un de ceux qui oppressent les Alsaciens !… elle se promit de l’en dissuader au moment opportun.

Elle entra chez Mme Streicher et lui dit un adieu rapide. Celle-ci, une Allemande placide, aux bandeaux blonds, mêlés de gris, insistait affectueusement pour la retenir. Sa nullité grasse, empreinte de toutes les philosophies, dit les mots aimables qu’il fallait ; mais Louise, dans sa hâte d’être seule, déclina l’offre, et monta dans sa légère voiture, pour reprendre le chemin de Greifenstein.

Les paroles de Clara la hantaient.

Elle ne s’imaginait pas qu’on pût la jalouser de sa conquête. Elle croyait se mésallier quelque peu en épousant Herbert et, aux yeux des vainqueurs, l’honneur était pour elle !…

Elle resta songeuse pendant un moment, mais avec la foi de la jeunesse elle mit son avenir sous l’égide de l’amour.