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SUR LE SOL D’ALSACE

— Où allez-vous en voyage de noces ?

— Comment est votre robe de mariage ?

Les groupes alors n’en formaient qu’un dont Louise devenait le point de mire. Elle répondait sans détails, mais Clara put préciser, un après-midi :

— La robe sera de mousseline de soie, un rêve, mes chères petites !… Louise hésitait pour ce genre, mais je l’ai convaincue… on ne porte que cela à Paris !…

— Oui… c’est exact ! cria une blonde dont la chevelure épaisse serrée dans deux nattes tombantes malgré ses dix-huit ans, battait les genoux à chacun de ses mouvements… J’ai lu la description d’un mariage parisien où l’héroïne s’idéalisait dans un nuage flou… Vous allez être d’un chic, ma chère, acheva-t-elle en se tournant vers Louise d’un geste si vif que les tresses ondulèrent comme deux couleuvres.

Le mot « chic », lancé en français, prit l’aspect lourd d’une pierre qui tombe. Rien, dans cette syllabe, n’évoquait la grâce qu’elle devait révéler, mais chacune la répéta comme la seule capable de rendre la pensée avec justesse.