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SUR LE SOL D’ALSACE

fiancée depuis trois ans à un ami d’enfance et se trouvait tout heureuse d’avoir une confidente.

Elle lui parlait d’Herbert, de sa haute intelligence et de la bonne marche de ses affaires. Elle le connaissait par son fiancé Max Bergmann ; ils s’étaient rencontrés en Thuringe, où celui-ci faisait un stage de garde-général. Appréciant Herbert qui cherchait une usine à exploiter, il lui avait désigné celle du Ramsthal. Herbert, invité chez les Streicher à chaque visite de Max Bergmann, s’était épris de Louise dont Clara cultivait l’amitié.

Les deux jeunes filles allaient ensemble chez les fournisseurs. Clara, brune, un peu forte, les membres lourdement attachés, formait contraste avec Louise. Mais elle s’en souciait peu ; vive, enjouée, elle prenait la vie gaîment et savait se mettre immédiatement au niveau des gens et des circonstances. Dans les magasins, on aimait son entrée qui donnait du mouvement. À la façon dont elle levait ses sourcils noirs et touffus, en avançant ses lèvres rouges, on sentait que le mot précurseur du rire allait s’envoler.