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SUR LE SOL D’ALSACE

sa patrie ?… Abandonnait-elle la France en épousant M. Ilstein et devait-elle dire aussi en parlant de l’Allemagne : chez nous ?… Une sensation de froid pénétra son âme. L’image de son père vint s’imposer à son esprit ; une ombre voila son bonheur, mais déjà Herbert se penchait vers elle en disant :

— Nous irons plus tard à Paris, si vous le désirez, mais, pour notre premier voyage, allons dans de jolis coins que je connais, où nous nous aimerons dans le silence, à l’ombre de la vieille forêt, où s’entend seul le bruit du Rhin… »

Louise se rasséréna. Son fiancé était bon. Un sentiment d’amour, une délicatesse entendue le guidaient dans le choix de son voyage. Ce n’était pas pour l’éloigner systématiquement de sa patrie qu’il l’emmenait plus avant sous un ciel allemand, mais simplement pour l’avoir toute à lui, pour cacher leur bonheur dans une nature qu’il savait pittoresque, à l’abri des foules et des distractions absorbantes.

Elle vit une nouvelle preuve de tendresse