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SUR LE SOL D’ALSACE

Elle éprouvait un déchirement atroce en pensant qu’il ne pourrait échapper à la loi… Fils d’Allemand, il la subirait, malgré les tendances françaises qui fermentaient en lui, malgré l’attrait que l’Alsace exerçait sur lui. Elle n’osait le regarder, tellement son visage lui rappelait celui de M. Denner ; elle avait peur d’entendre les lèvres si semblables à celles du vieux patriote, lui dire :

— Qu’as-tu fait ?…

Ces tourments lui devinrent insupportables au point que, le lendemain du départ de Wilhelm, elle éprouva le désir de voir Mme Hürting.

Elle prévint Fritz :

— Je descends à Saverne…

— Chez Mme Hürting ?

— Oui…

— Puis-je aller avec toi ?

Louise hésita quelques secondes avant de répondre :

— Je préfère être seule…

Fritz l’observait attentivement ; il se rapprocha d’elle et dit presque bas :

— Tu n’y vas pas pour pleurer ?