Page:Fiel - Sur le sol d'Alsace, 1911.djvu/23

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
19
SUR LE SOL D’ALSACE

sance allait vers la beauté de la nature. Des élans joyeux rendaient sa démarche plus souple, son sourire plus doux… Un nouveau monde surgissait, naissait sous ses pas plus libres, plus sûrs, parce que sa solitude s’enchantait soudain d’un compagnon dont elle aurait voulu prendre la main en criant : merci !

Arrivés à la bifurcation des deux routes qui conduisent, l’une à Greifenstein, l’autre à Saverne, Louise dit :

— Au revoir, monsieur… je vous ferai parvenir ma réponse par Mme Streicher…

Herbert s’inclina sur la main qu’elle lui tendit, y déposa un baiser, puis ils se séparèrent.

Ah ! qu’elle avait franchi rapidement le chemin, plein de l’odeur des sapins ; avec quelles délices sa bouche entr’ouverte aspirait l’air pur qui venait de la montagne.

Quand le manoir lui apparut, à demi caché dans les arbres ridés par les siècles, Louise l’admira. Il lui sembla le voir pour la première fois. Elle oublia les murs délabrés, les tours rongées, le crépi lamentable. Elle eut l’orgueil du vainqueur qui gagne une bataille et l’im-