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SUR LE SOL D’ALSACE

Louise, indignée, voulut riposter, mais elle surprit Wilhelm, les yeux tristes, qui, dans un geste suppliant de ses mains jointes, semblait la conjurer. Elle comprit toute la détresse de son fils aîné, rentré le jour même, si heureux de les revoir tous.

Elle se domina.

M. Ilstein, convaincu de son bon droit, tranquillement, pelait une poire.

Elle se leva de table et sortit. Wilhelm n’osa pas la suivre, il tenait compagnie à son père.

Dès que sa femme fut hors de la portée de sa voix, Herbert questionna :

— Quelle impression rapportes-tu de ton voyage ? Que pense-t-on de nous en France ?… quels sont les souvenirs laissés par la guerre ?…

— Ils en parlent peu, répondit Wilhelm.

— Je comprends cela, ricana Herbert.

— Ce n’est pas par honte de leur défaite, loin de là… mais simplement, cela se devine très bien, parce qu’ils craignent de manquer aux lois de l’hospitalité en formulant des choses désagréables…

— Quelles choses ?…