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SUR LE SOL D’ALSACE

Il dit durement :

— Le rôle de Marianne dans ma maison me déplaît ; tous les domestiques se plaignent d’elle. Je ne tolérerai pas chez moi qu’un élément de trouble neutralise la discipline que j’y introduis. Voici trop longtemps que je patiente, par égard pour toi… la mesure est comble… Tu avertiras ta domestique qu’elle ne fait plus partie de la maison…

Louise, secouée d’un tremblement, s’écria dans une supplication :

— Herbert, ne me demande pas cela !

— C’est bien… je le ferai…

— Non… je t’en conjure !… Marianne a des défauts à tes yeux, mais songe qu’elle m’a élevée, qu’elle a servi mes parents et qu’elle est vieille, enfin !… Toutes ses habitudes sont ici…

La douleur et la surprise rendaient ses attitudes belles et pathétiques comme celles de la tragédie.

Mais Herbert éleva le ton pour lui répondre :

— Je ne me laisserai pas fléchir… Elle a continué, dans son entêtement d’Alsacienne, à dénigrer le pays qui la nourrit et la main qui la