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SUR LE SOL D’ALSACE

politesse, mais s’échappaient vite hors de son regard, la sentant très distante d’eux.

Puis, ils allaient à la brasserie rejoindre M. Ilstein. Celui-ci rajeunissait en leur compagnie. Il discutait leurs équipées d’étudiants, en rappelant celles de son temps et, oublieux de sa cinquantaine, il ajoutait les chopes aux chopes, entre lesquelles il commandait un plat de choucroute couronnée de saucisses de Francfort.

Vers minuit, ils rentraient tous gaîment, chantant dans la voiture qui les ramenait. Ils passaient par la salle à manger où leur couvert les attendait plein de raffinement et de luxe. Louise et Fritz les entendaient de leurs chambres, car ils se soustrayaient à tout ce bruit, M. Ilstein n’exigeant pas la présence de sa femme quand il était distrait.

Bientôt, les chants s’élevaient ; les rires épais se répercutaient à travers les hauts plafonds. Parfois un silence soudain, qui durait une seconde, suspendait toute vie. Il était suivi d’un immense : hoch ! dont le manoir tremblait. Puis la réunion se clôturait par la chanson :

Gaudeamus igitur…