Page:Fiel - Sur le sol d'Alsace, 1911.djvu/110

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
106
SUR LE SOL D’ALSACE

meubles de temps à autre craquaient comme animés soudain d’une vie inconnue.

La tulipe se fanait, lasse, sur la robe pâle. Les pétales déchiquetés pendaient, laissant le cœur à nu. Louise la prit et la jeta. Elle pensa brusquement que les femmes traitent les fleurs, comme les anciens rois leurs esclaves…

Sa pensée battait de tout le poids de sa tristesse le cercle infranchissable qu’elle ne pouvait briser.


…Le lendemain ce fut un branle-bas dans la maison.

Le maître entrait dans sa quarante et unième année.

L’Allemagne fête avec délices ses anniversaires. La large tarte familiale aux couches épaisses de crème, de confiture et de fruits confits savamment superposées et saupoudrées de cannelle, fut apportée de Saverne. On la disposa sur la table du salon avec, autour, les cadeaux multiples.

Les enfants eurent toute la journée de grands airs mystérieux que leur père feignit de ne pas apercevoir.