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prudence rocaleux

— C’est la réponse qu’elle vous a donnée ? demanda Jacques interloqué.

— Oui, mon ami, et tout est à peu près à l’avenant.

— Nous allons nous amuser ! s’écria le jeune homme joyeux. Pour peu qu’elle sache assez bien cuisiner, nous vivrons des jours dorés !

Prudence entra :

— Madame est servie.

Il y eut des regards curieux vers la servante, et les trois convives allèrent s’asseoir à table.

— Tout à fait chic et genre famille respectable…, murmura Jacques.

— Au moins, celle-ci n’est pas en retard, constata M. Dilaret avec satisfaction.

Prudence servit des plats qui furent déclarés exquis, et Jacques la félicita chaleureusement :

— Prudence, je vous adresse tous mes compliments, vous êtes une cuisinière étonnante.

Les mains sur les hanches, Prudence eut un sourire, puis elle prononça lentement :

— Vous êtes un bon et beau garçon et, en plus, vous savez ce qu’est le bon manger. Aussi je vous pardonne de m’appeler Prudence, comme ça tout de go, entre nous, vous auriez pu attendre que nous ayons un peu plus fait connaissance.

M. Dilaret regardait, abasourdi, cette femme imperturbable. Mme Dilaret s’indignait que l’on fît la leçon à son fils, et celui-ci éclatant de rire s’exclama :

— Il me semble que je vous ai toujours vue, bonne Prudence, vous ressemblez à ces vieilles femmes dévouées qui sont accrochées aux familles pour leur plus grand bien.