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prudence rocaleux

— Y commencent à grisonner… Y sont plutôt blonds. Oui, c’est sûrement un blond.. Ça ne m’étonne pas, c’est une couleur qui ne me revient pas… C’est fade, c’est pas franc… Oui, c’est sûrement cet homme qui a fait le coup ! T’as tué, tu le seras aussi, espèce de montre ! Tout à l’heure, j’ vas débrouiller ce mystère… Oui, c’est un blond.

Elle replaça les cheveux où elle les avait retrouvés et continua paisiblement son travail.

Pendant qu’elle s’affairait de-ci, de-là, en accumulant des pensées de plus en plus tumultueuses, Mme Dilaret se montra en disant :

— Prudence, quand vous sortirez, vous aurez la complaisance de passer chez le boulanger pour me prendre des biscottes.

— C’est un blond, Madame !

— Quoi donc ? Vous avez entendu ce que je vous ai dit ?

— Oui, oui, faut que je passe chez le fruitier pour lui prendre des carottes…

— Vous perdez la tête ! À quelles sottises pensez-vous donc au long des jours ?

— Je perds la tête ? Est-ce que Madame deviendrait impolie ? Je viens de trouver une grande chose. Si c’était Monsieur qui l’inventait, ce serait des « Ah ! mon ami, que vous êtes intelligent ! Que vous voyez clair ! » Mais parce que c’est moi, je perds la tête. Ah ! la justice, mes aïeux, c’est rien du tout ! Madame verra… c’est un blond… si Madame daigne regarder, j’ vas le lui montrer.

— Qui ? demanda machinalement Mme Dilaret.

— Le blond !

Prudence atteignit de nouveau sa boîte à café et reprit son papier qu’elle déplia. De-