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prudence rocaleux

apporte une preuve, ils vous questionnent d’une façon indiscrète… Ils vous arrêteront, peut-être !

— Je n’ai pas peur, interrompit Prudence… Monsieur sera là pour me sortir de prison.

Mme Dilaret jugea que ses avertissements ne portaient pas. La servante voyait plus loin.

Elle insista pourtant :

— Mon mari n’a pas autant de pouvoir que vous lui en prêtez. Il ne sera pas seul. La justice ne dépend pas d’un homme, mais de plusieurs, et sur dix hommes, si huit veulent vous laisser en prison, M. Dilaret n’y pourra rien.

— Je n’ai jamais rien fait de malhonnête, et il sera impossible que l’on me soupçonne, surtout quand j’arriverai avec mes preuves.

— Rappelez-vous l’histoire de la bouchère… Vous avez bel et bien été accusée, et vos quatre cheveux ne sont pas une preuve !

— Mes quat’ cheveux que vous dites, Ma dame, ils en valent mille des vôtres, parce que vous n’avez pas tué et que ceux-ci sont des assassins !

Prudence brandissait son petit paquet blanc avec la fougue d’une convaincue :

— J’ vas vous les montrer…

— Non ! non ! cria Mme Dilaret, cela me répugne. Je ne veux pas voir les cheveux d’un meurtrier, même supposé !

— Eh ! sa tête n’est pas après !

— Heureusement !

— Moi, je dis malheureusement, parce que si je le tenais, cet homme, je tiendrais aussi mon argent.

— Oh ! Prudence, soyez sérieuse, supplia la pauvre Mme Dilaret ; je suis sûre que si mon mari connaissait votre projet, il vous l’interdirait… Je ne veux même pas lui en