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prudence rocaleux

— Quand on pense à une mort pareille, on tomberait sans connaissance !

Son jeu de scène avait été si bon qu’un artiste l’eût félicitée.

Son cœur battait non de peur, mais de succès : elle tenait une preuve.

Elle eut le sang-froid de remercier M. Rembrecomme, et le quitta en lui promettant :

— Je le trouverai votre assassin !

À la porte, elle revit la domestique qui lui dit :

— C’est triste, hein ! cette fin ?

— C’est épouvantable !

Son ton était pénétré, bien qu’une lueur d’espoir fusât à travers ses paroles.

Toujours serrant les cheveux, elle s’en alla par les rues, sans seulement savoir où elle passait. Elle se hâtait, ayant l’intuition d’avoir bien tardé. Elle n’osait regarder l’heure, ne voulant pas évaluer le nombre des minutes qu’elle avait perdues.

Elle rentra essoufflée, émue, et vit tout de suite Mme Dilaret :

— Je demande pardon à Madame d’être en retard.

— Vous avez donc attendu chez les fournisseurs ?

— Non, Madame, je suis allée chez M. Marcel Rembrecomme…

— Qui est ce Monsieur ?

— Comment, Madame a déjà oublié l’assassiné ? On voit bien que ce n’est pas le mari de Madame !

— Taisez-vous, malheureuse ! Et vous vous êtes présentée chez ce monsieur ?

— Dame, oui !

— Pour lui dire quoi, grand Dieu ?

— Écoutez, Madame, j’ai été conduite comme qui dirait par la main du mort. Je ne savais presque pas que je galopais vers sa