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prudence rocaleux

— Eh ! mais, Prudence, vous avez une façon de traiter les parents avec un sans-gêne écœurant ! Vous parlez des enfants qui les qualifient de bagages inutiles, et je vous trouve encore plus radicale !

— C’est vrai ! Madame m’y fait penser.

— Et puis, vous ne montrez pas beaucoup de cœur pour ce pauvre monsieur qui a trouvé la mort dans des circonstances effroyables.

— Ce monsieur est heureux maintenant, Madame ; je ne peux pas pleurer sur lui, vu que je ne le connaissais pas. Je dirai une prière pour lui, et mon devoir sera fait.

Prudence se tut sur cette parole.

Naturellement, la ville s’entretint de ce drame. Il était digne de pitié ! M. Rembrecomme était un riche rentier qui s’occupait d’œuvres nombreuses, et on ne lui croyait que des amis. Sans doute, un de ses protégés avait-il trouvé qu’il ne donnait pas assez, et s’était-il permis de se servir lui-même. On n’apercevait aucune trace de l’assassin, et l’on épiloguait sur cette manière d’opérer, qui ne laissait nul indice qui mît sur la voie. Un revolver, chargé de ses six balles, était dans la table de chevet, ce qui écartait l’idée de suicide, bien que la victime eût le front troué.

Cinq ou six jours après cette sombre aventure, Prudence revint très excitée de ses courses chez les fournisseurs,

— Ah ! ben ! Madame, v’là qui est gentil ! M. Marcel Rembrecomme aime son papa… Il est vrai que ce pauvre vieux monsieur faisait tout pour être aimé. Il donnait aux pauvres comme une source donne de l’eau. Il a soufflé de là-haut à son fils de promettre 100 000 francs à celui qui découvrirait l’assassin. Eh ben ! Madame, n’en déplaise à ceux qui diront le contraire, dès aujourd’hui, je