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prudence rocaleux

— Une belle raison ! Les enfants ne com­prennent pas le danger ! On les mènerait à l’abattoir, les innocents !

Le wagon arriva, et Mme Dilaret poussa sa compagne qui n’osa pas résister. Quand elle fut dedans, elle faillit tomber, n’ayant pas pris garde à la déclivité. Elle bouscula quel­ques personnes, ce dont elle s’excusa. Elle se retint enfin aux barres verticales, sans exhaler sa peur ou son étonnement.

Quand on fut parvenu au but, elle eut un soupir de délivrance et elle s’épanouit. Comme toujours, sa joie se déversa en paroles.

— Ah ben ! ce n’est pas sorcier ! Je me figu­rais que ça serait plus long, je n’ai pas eu le temps d’être effrayée. J’ai été un peu sotte. Oh ! Madame, que la Vierge est belle et si dorée ! Ce qu’elle brille dans le soleil ! Que je suis contente d’être venue ! Je ressuscite ! Je l’ dis comme j’ le pense.

Prudence était hors d’elle. Son admiration éclatait en exclamations qu’elle retenait à grand’ peine.

Quand elle sortit de la basilique, ce fut pour contempler la vue que l’on découvrait du haut de l’esplanade. Ce spectacle motiva encore une série de réflexions que, cette fois, elle ne retint pas.

Puis, Mme Dilaret l’entraîna par les jar­dins.

L’escalier lui parut un peu long, et ses genoux tremblaient et fléchissaient, quand elle fut au bout.

Cette course eut une heureuse influence sur son humeur. Bien qu’elle se sentît un peu lasse, elle resta sereine, et cependant le repas du dimanche soir lui coûtait toujours à servir.

— Je ne comprends pas, disait-elle parfois, qu’il n’y ait pas une personne qui se charge de cuisiner le dimanche soir chez les bour­-