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prudence rocaleux

puissant et si riche, pouvait faire un miracle ! »

— Prudence, vous avez bien votre bon sens ?

— Si je l’ai ! Je crache par terre pour faire sauver le diable, et je fais un signe de croix pour vous montrer que mon esprit ne va pas de travers !

Prudence était superbe d’indignation.

Elle reprit :

V’là comme on est reçu quand on s’occupe du bonheur des gens…

— Ne vous fâchez pas, ma bonne, et dites-moi le nom de votre protégée ?

La domestique en eût été bien en peine, et elle répliqua avec à-propos :

— Ça, c’est encore un secret. Il faut être prudent avec la réputation des jeunes filles. Son nom, elle vous le dira elle-même à la pâtisserie…

— Comment, elle est pâtissière ?…

— Mais non…

Ces deux mots furent prononcés avec un ton de dédain accentué.

— Alors, que vient faire cette pâtisserie ?

— C’est l’endroit où vous vous rencontrerez demain.

— Non ?

Et Jacques eut un rire si gai et si éclatant, que sa mère accourut pour le partager. Elle imaginait bien que Prudence devait être l’instigatrice de cette hilarité, et elle voulait en savoir le sujet.

— Que se passe-t-il ? s’écria-t-elle, tout égayée déjà en apercevant son fils, en proie au rire le plus suggestif.

Prudence, les mains sur les hanches, le regardait d’une mine moitié furieuse, moitié attendrie.

L’arrivée de Mme Dilaret la figea. Elle eût