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prudence rocaleux

oiseaux font assez de vacarme. Ah ! les braillards !…

Heureuse, débordante de joie de se savoir libre, voyant la campagne en beau, elle s’habilla en chantant. Reposée, fraîche, elle descendit pour se rendre à la cuisine où elle trouva les jumelles.

À son grand amusement, elle revit Julie comme elle la connaissait à Lyon… Elle n’était plus vêtue comme sa sœur.

— Ah ! je vous revois en vraie Julie ! Eh ben ! on peut dire que l’habit change… Vous ne vous ressemblez pas autant qu’hier…

Les deux sœurs rirent. Le café au lait servi, ces dames parlèrent du bon dîner de la veille, et Prudence, avec sa franchise coutumière, accusa le bourgogne de l’avoir excitée…

— Heureusement que j’ai un bon sommeil, sans quoi, j’aurais été agitée… mais le tonnerre peut rouler sans me réveiller…

Les jumelles la félicitèrent.

Julie lui demanda :

— Encore un peu de lait… une tartine ?

— Vous me gâtez !

— Aujourd’hui, annonça Justine, nous aurons de la tête de veau… et… mais je ne veux rien dire d’avance… cela gâte la faim…

— Vous avez raison…

La journée se passa encore plus agréablement que la veille. L’intimité se resserrait et les trois femmes échangeaient des impressions. Prudence répétait naïvement que la maison devait coûter cher, et que les deux sœurs avaient dû accomplir des prodiges pour la payer.

Ses hôtesses l’écoutaient gravement en hochant la tête. Elles paraissaient convaincues des louanges qu’elles entendaient.

Le soir revint, après une journée de promenade et de bavardage. Ce fut de nouveau