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raison. Puis, un jardinet garni de rosiers à haute tige.

Prudence trouvait à cet ensemble un air pimpant et hospitalier qui lui plut. Elle en oublia le malaise que lui occasionnait la circonstance des sœurs jumelles.

Quand elle monta le perron de pierre à double révolution, elle eut une ombre d’envie, un vestibule spacieux, lumineux, où régnait l’odeur de bonne cuisine, lui donna tout de suite une impression de bien-être.

Elle se tourna vers Julie :

— Eh ben, Julie, vous avez profité de votre place ! Vous avez bien travaillé pour avoir une aussi belle maison !

— Je ne suis pas Julie, mais Justine, riposta laconiquement cette dernière.

— Ah ! ça me tue, votre jumellerie ! Agrafez un nœud bleu ou un rose à vot’ corsage pour que je ne me trompe plus !

— On verra à ça !

— Enfin, je dirai à toutes les deux que vous avez su vous tirer d’affaire ! Vous avez uni vos appoints et vous voici propriétaires d’une maison bien cossue… Cette belle, pièce, on dirait une salle à manger de riches… Jamais je ne me serai assise dans une si belle pièce pour manger !

Ces dames, avant de désigner sa chambre à l’invitée, lui faisaient visiter le rez-de-chaussée qui se composait d’une grande salle à manger, d’un office et d’une vaste cuisine. Le tout était agréable à l’œil. Au premier étage, deux chambres avec un cabinet de toilette. Dans l’une, deux lits jumeaux, et dans l’autre, destinée à Prudence, un lit élégant garni de voile brodé.

Prudence s’extasiait et elle dit en toute candeur :

— Que d’argent ça représente !