remarqué, et quand il a vu que le manège de l’homme continuait, il lui a plaqué la main sur l’épaule en disant : « Eh bien ! mon vieux, que cherches-tu là ? — On m’a dit que là habitait un homme bon et charitable et, comme je suis un réfugié, je voudrais lui exposer ma misère. » Vous comprenez, Prudence, tout ça, c’est du boniment… Cet individu était tiraillé par les remords. Il s’est débattu, a raconté son histoire, mais on l’a conduit au poste, en attendant qu’on sache quels mensonges il a débités…
— Pour sûr qu’on doit encore se tromper, murmura Prudence pensivement… C’est difficile de trouver un assassin… Moi, j’ai bien cru le tenir, mais ils ont tous des alibis…
— Des alibis ?
— Oui, c’est un machin de justice qui veut dire qu’on est à une place au moment où l’on vous assassine. Une supposition : on vous assassine…
— Vous me faites froid…
— On vous assassine, que je reprends, et on accuse une personne qui était dans vos parages. On l’interroge, et cette personne assure que, dans ce moment-là, elle buvait un litre dans un café de la rue Thomassin, par exemple… Alors, l’accusation est nulle, parce qu’un homme ne peut pas être à deux places à la fois… Ça ne s’est pas encore vu.
— J’ai compris, et j’suis bien contente… Ce mot me tracassait… on le voit souvent dans le journal.
— Oui… et cet homme arrêté trouvera aussi un alibi, et l’assassin court pendant ce temps-là !
Prudence voulait se convaincre que les 100 000 francs restaient toujours à sa disposition.
Le soir de ce même jour, Mme Dilaret vint