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prudence rocaleux

ordinaire et, quand elle put voir Mme Dilaret seule, elle se précipita :

— Madame connaît ma casse d’hier ?

— Oui, Prudence, et je n’ai pas été très satisfaite de cette manifestation.

— Madame me pardonnera… il y a six assiettes en morceaux, mais je veux bien les remplacer…

— Nous en reparlerons.. Dans tous les cas, je vous sais gré de votre franchise.

— J’suis honnête…

— Eudoxie vous a bien secondée ?

— Elle est tout à fait bien… vive et adroite…

— C’est parfait ! vous savez reconnaître les qualités de vos collègues…

— Oh ! je dévoile les défauts aussi !

— Elle en a ?

— Pas elle encore, Madame.

— Qui donc ?

— Eh bien ! ce que j’ai à dire à Madame est fort ennuyeux, mais comme ça me resterait sur le cœur et que je n’en pourrais plus dormir, je préfère m’en débarrasser pendant qu’il est encore temps ! D’ailleurs, des fiançailles, c’est plus vite rompu qu’un mariage…

— Quoi ! Que me dites-vous ? s’écria Mme Dilaret en sursautant.

— C’est encore par rapport à l’assassin du vieux monsieur… Il n’est pas encore pris ce brigand-là, et Madame sait que des quantités de lettres arrivaient, et qu’une secrétaire les ouvrait ?

— Oui… je me souviens… Eh bien ?

— C’te secrétaire… c’est la fiancée de not’ jeune monsieur ! Oh ! je l’ai reconnue… C’est la même blonde avec ses yeux bleus qu’on dirait des lucarnes sur un morceau de ciel… Je vous assure qu’elle était contente quand elle arrivait pour ouvrir les lettres de ceux