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prudence rocaleux

— Alors, Prudence, vous êtes contente ?

— Je le serai seulement tout à fait quand j’aurai vu la jeune fille… Je crois que je serai satisfaite parce que M’sieu Jacques a un peu de mes goûts…

— C’est plutôt inattendu ! Mon fils m’a appris que vous retardiez votre voyage… Je le regrette pour vous et je trouve que c’est inutile…

— Madame ne voudrait tout de même pas que je ne mette pas la main à la pâte à ce premier dîner qui va avoir la petite future ici ?

— Mais, du moment que vous aviez prévenu la personne qui doit vous remplacer… Elle doit bien venir ce matin, n’est-ce pas ?

— Oui, Madame, mais comme elle n’est pas de la maison, elle saurait pas y faire comme moi…

— Je n’en disconviens pas, et cela me tourmentait même un peu…

— Ah ! je ne le fais pas dire à Madame ! Nous ne serons pas trop de deux, elle aura de la besogne, je saurai lui en donner ! Puis, elle sera mieux au courant durant mon absence, et je partirai plus tranquille…

— Puisque cela vous arrange et moi aussi, tout est parfait !…

Prudence sortit, envoya son télégramme. Cela l’ennuyait un peu, mais elle éloigna les regrets.

D’ailleurs, la perspective de ce dîner l’intriguait trop pour que la remise de son voyage l’affectât outre mesure. Puis, c’était une joie différée seulement et, comme elle se le disait dans sa logique, c’était toujours une distraction à venir.

Elle frotta, rangea, épousseta, jusqu’à l’arrivée de sa remplaçante qui se prénommait Eudoxie et qui fut ravie d’être initiée aux rouages coutumiers de la maison.