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prudence rocaleux

voir passer sur l’écran, l’excita subitement à un tel point que Mme Dilaret regretta d’avoir évoqué cette perspective.

— Sur l’écran ! sur l’écran ! Ah ! je n’y songeais pas ! C’est que c’est vrai tout de même ! Je suis comme Gaby Morlay ! Ah ! ben… j’vais en gagner un argent ! Ah ! Madame ! où est-il ce directeur ? faut que je lui cause. Y n’a pas le droit de me faire jouer pour rien… C’est pas des façons ! On ne gruge pas une pauvre femme ! J’étais tranquille sur mon banc… Je ne pensais à rien, et on me fiche un marmot dans les bras ! Je lui ai fait risette à ce petit !… ça se paye !… Je ne pensais pas à l’écran. Madame viendra avec moi à ce cinéma, elle me reconnaîtra et on ira trouver le directeur pour qu’y me donne mon dû… Je suppose que j’aurai une somme rondelette… 1 000 francs ! c’est pas trop, n’est-ce pas, Madame ?

— Je n’en sais rien ! Je ne suis pas au courant de ces prix-là !

— On devrait tout savoir, je suis dans l’embarras maintenant ! Malheur de malheur !… Tout à l’heure, j’étais toute raccommodée avec la vie, et il a fallu que ce Parate… Ah ! vous savez, Madame, c’est le neveu de sa tante Parate…

— Que chantez-vous encore là ?

— Je ne chante pas ! Vous savez bien, Madame, que j’ai rencontré Mam’zelle Parate à Fourvière ?

— Oui, je me souviens…

— Eh bien ! l’agent de police qui est venu ce matin, c’est son neveu…

— Il est donc venu un agent de police ici ?

— Comment ! Madame ne le sait pas ?

— Vous ne m’en avez pas informée.

— Ce n’était pas la peine, il ne venait que pour moi… C’était pour me dire que je ne me