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même pas leur certificat… Je n’ai plus cherché à comprendre ! Et encore, je ne parle pas à Madame de ceux qui s’occupent d’électricité ou d’autos… Oh ! alors ceux-là, ce sont des princes d’ingénieurs !

— Comme vous m’amusez Prudence !

— Tant mieux, Madame… Tant qu’on s’amuse, on ne s’ennuie pas, et s’ennuyer, c’est le pire de tout ! Alors, Madame voudra-t-elle que je lui présente cette femme ?

— Je crois pouvoir mettre ma confiance en vous, amenez-la-moi…

— Je suis plus tranquille… J’étais tourmentée de savoir Madame sans personne… Chercher quelqu’un, c’est pas commode pour les patronnes qui sont souvent attrapées, parce qu’elles ne connaissent pas le vrai fond… Mais entre gens du même bord, on sait ce que l’on vaut à un tas de signes…

— Bien… c’est entendu !

Prudence négocia cet intérim pour le mieux.

Mme Dilaret parut satisfaite de la nouvelle venue, et rendez-vous fut pris pour octobre.

Dans son for intérieur, Mme Dilaret louait Prudence de sa prévoyance. Bien souvent, elle se trouvait allégée de telle ou telle course et lui en était bien reconnaissante. Elle prenait facilement son parti des erreurs de langage, d’autant plus que souvent elle s’égayait des imprévus de cette faconde intarissable.

Le dimanche avant son départ, Prudence voulant se donner un avant-goût de la campagne, alla se promener au parc de la Tête-d’Or. Elle s’assit sous un cèdre et elle rêvait des joies qu’elle savourerait en compagnie de sa bonne Julie, quand une mère de famille vint s’asseoir près d’elle. C’était une femme qui paraissait rieuse et qui s’occupait d’un bébé de quelques mois qu’elle tenait dans ses bras.