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PRUDENCE ROCALEUX

des bonbons, elles reçurent une grêle de petites pierres.

Des compagnes rirent d’elle et se plaignirent à leurs mères. Mais la maman de Prudence attrapa le garçon, le déculotta et lui infligea une bonne correction.

Prudence, tout en convenant que ce serait la meilleure des punitions pour M’sieu Jacques, ne se voyait pas du tout dans ce rôle.

Alors qu’elle ramassait de la rancune contre lui, sa personne s’encadra dans la porte et elle entendit :

— Ma bonne Prudence, vous m’apporterez demain mon déjeuner dans ma chambre. Je le prendrai tout en m’habillant parce que je suis obligé d’aller à Grenoble…

— Oui, M’sieu Jacques.

— Vous me réveillerez en même temps parce que je dois partir à 7 heures d’ici…

— Pauvre M’sieu Jacques !

— Merci d’avance !

Le jeune homme repartait quand elle le retint :

— Je puis vous demander quéque chose ?

— Tout ce que vous voudrez !

— Eh ben ! vot’ jeune fille qui est si belle, vous l’avez retrouvée ?

À vrai dire, Jacques ne pensait plus à sa plaisanterie. Il eut un sursaut, puis s’écria :

— Ma foi ! non !

— Est-ce que, par hasard, vous vous seriez moqué de moi, en me racontant une baliverne ?

Il rit de tout son cœur.

— Ne soyez pas fâchée, Prudence, j’ai voulu occuper votre esprit, afin que vous ne pensiez plus à votre assassin… Cela me peinait…

— C’est très mal, M’sieu Jacques… J’ai regardé toutes les jeunes filles par la figure, et elles ont dû me trouver bien malhonnête….