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PRUDENCE ROCALEUX

ment qu’ils rendraient la justice, s’ils faisaient des gros péchés ? Tout le monde le saurait, et quand ils condamneraient un homme, on leur jetterait leurs fautes à la figure…

— Ça, c’est bien possible…

— Alors, la maison est tranquille comme un couvent.

— Pourquoi alors disiez-vous que ça se gâtait ?

— Parce que not’ jeune monsieur a rencontré une belle jeune fille…

— Ben ! il a l’âge de se mettre en ménage.

— Oui, mais le plus ennuyeux, c’est qu’il ne connaît pas celle qu’il aime.

— Voyons, voyons… faudrait tout de même pas me prendre pour une oie…

— C’est vrai, comme j’ vous l’ dis ! Il l’a vue dans la rue… Y sait pas son nom… Y sait pas où elle demeure… et voilà !…

— C’est comme un rêve alors ?

— Tout pareil…

— Qu’est-ce qu’il va faire ? Se ronger les sangs ?

— À peu près… Seulement, y m’a chargée de lui retrouver sa belle.

— Eh ben ! ma fille, vous v’là avec une belle corvée sur les bras !

— Je n’en dors plus.

— Ne soyez pas bête… Comment que vous voulez retrouver une femme que vous n’avez jamais vue ? C’est de la stupidité… Il vous en raconte cet amoureux ! ou bien, il est dingo, ou bien il vous fait marcher… et à du 100 à l’heure encore !

Prudence était toute marrie par cette apostrophe.

— Il est bien bon et bien doux, vous savez ; et quand il rit, ce n’est pas pour se moquer… Je suis quasiment sa deuxième mère…