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CHAPITRE VI


Prudence, ainsi qu’elle le projetait, s’en alla un dimanche voir Mlle Julie. Cette visite lui plaisait parce qu’elle pouvait parler comme cela lui agréait. Puis, elle en imposait à cette amie et cela aussi lui était agréable.

Ce fut donc d’un pas soulevé par la satisfaction, qu’elle s’achemina vers l’immeuble qu’occupait le maître de Julie.

— Ah ! c’est Madame Prudence… Vot’ santé est toujours d’attaque ?

— Euh ! ça ne va jamais aussi bien qu’on le voudrait ! riposta Prudence gaiement.

— Il me semble pourtant que vous paraissez toute réjouie ?

— Ma chère, vous me croirez si vous voulez, mais j’avais du plaisir à penser que je venais bavarder avec vous…

— Ça, c’est mignon tout plein ! Aimez-vous le café au lait ?

— Ah ! c’est mon régal !

— Alors, tant mieux ! Je vous en ferai un, avec de bonnes tartines de beurre pour notre goûter.

— Vous êtes une chic femme ! Ah ! Mam’zelle Julie, quand je songe aux huit jours que je passerai avec vous dans vot’ maison, je sens le délire de joie qui m’empoigne… Quel jour partez-vous ?

— J’ai été un peu retardée : mais, dans huit jours, je ne serai plus ici…