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prudence rocaleux

— Voici huit jours que je m’efforce de vous le faire comprendre…

— Je croyais que Madame me racontait ça pour que je cesse de confiturer.

— C’est absolument pour cela que je tentais de vous arrêter.

— Je n’en ai plus un grain, ni un morceau…

— C’est du propre ! Que va dire Monsieur pour son café ?

— Dame ! je ne sais pas. Madame n’en a pas quéques morceaux en réserve ?

— Je vous assure que non ! Tous les jours, je vous ai prêché la sagesse… Mais, seule, la confiture avait raison… Je suis furieuse…

— Vous ne pouviez pas me retirer la bassine des mains !

— Si j’avais su ? je vous aurais jetée dedans !

— Je vois que Madame est bouleversée.

— C’est assez naturel… Mon mari travaille, il a besoin de sucre…

— Oh ! son travail n’est pas fatigant…

— Vous vous figurez cela, vous !

— Ce n’est que sa tête qui marche et, quand il est assis devant son bureau, elle ne fait pas beaucoup de chemin !

— Vous êtes une sotte, ma fille…

— C’est bientôt dit… mais je trouve, moi, que si monsieur courait du matin au soir pour attraper ses voleurs, il serait tout de même plus fatigué…

— Vous ne comprenez rien !

— Encore que j’y comprendrais quelque chose, cela ne nous donnerait pas de sucre…

Mme Dilaret lui tourna le dos, impatientée.

L’heure du café arriva. C’était pour monsieur une belle minute, quand il savourait un café chaud et bien sucré.

Ce midi-là, sa femme se sentait mal à