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foi, bien qu’elle l’exposât d’une manière pittoresque.

— On ne peut mieux exprimer la parole divine…

— Alors, Madame est contente ?

— Oui, Prudence.

Satisfaite, la brave femme réintégra sa cuisine.

Mme Dilaret attendit son fils non sans impatience. Précisément, il arriva un peu en avance ce matin-là et, quand il fut dans le studio en face de sa mère, elle murmura d’une voix un peu étouffée, afin que Prudence n’entendît pas :

— Tu as fait de singulières confidences à notre servante.

Jacques éclata de rire. Le visage de Mme Dilaret s’épanouit, et elle reprit :

— J’ai deviné que c’était une plaisanterie…

— Naturellement ! je voyais cette pauvre femme si tourmentée par cet assassin que j’ai voulu changer le cours de ses idées…

— Tu as parfaitement réussi ! Elle s’occupe maintenant, selon ton désir, à rechercher cette jeune fille…

— Comment cela ?

Mme Dilaret répéta textuellement le récit de Prudence, alors que Jacques levait les bras au ciel en clamant :

— Elle perd la tête… elle est folle !

Et il rit comme un être jeune sait le faire.

— Elle aurait dû écrire des romans, bégayait-il entre deux éclats de rire ; elle a une imagination déconcertante !

Il cita les quelques paroles qu’il avait dites et conclut :

— Je m’aperçois qu’un secret est bien mal gardé par elle, mais je m’en doutais… Je savais qu’elle ne pourrait pas se retenir de vous le raconter… Seulement, j’aurais voulu vous