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prudence rocaleux

jeune fille qui me plairait bien, et je la trouve fort jolie.

— Oh ! M’sieu Jacques !

Prudence joignait les mains comme devant une prouesse incroyable.

— Je suis contente ! Et c’est pour quand, ce mariage ?

— Oh ! je n’en suis pas là ! Celle que j’ai aperçue ne sait pas mon nom et je ne sais pas le sien… Elle ignore que je l’ai choisie dans mon cœur. Je ne l’ai vue que dans la rue et, naturellement, je ne lui ai pas parlé.

— Ça, c’est une drôle de naissance, et cela peut durer longtemps.

— Oui, et c’est un grand secret que je vous confie.

— Vot’ maman ne s’en doute pas ?

— Non, je ne le lui apprendrai que quand je saurai si c’est une jeune fille de tout repos.

Prudence sentait une fierté lui envahir l’âme. Être la confidente de M’sieu Jacques dépassait ses rêves. Elle promit solennellement de taire ce qu’elle venait d’entendre.

Jacques reprit :

— Maintenant, que je vous ai raconté ma plus belle histoire, vous allez m’apprendre pourquoi vous êtes si morose depuis quelques jours…

— C’est que j’ai toujours le tracassin avec ce meurtrier qu’on ne retrouve pas.

— Comment ! Vous y pensez encore ? Je croyais que vous aviez oublié ce fait divers.

— Non, par moments, je crois que je n’y pense plus, puis ça me revient tout d’un coup dans la nuit, et v’là mon sommeil parti ! Pourquoi ne retrouve-t-on pas cet homme ?

— On le retrouvera ; dormez tranquille…

— C’est que je voudrais que ce soit moi !

— Ah ! oui, vous tenez à ce magot ?

— Ce n’est pas pour l’argent, M’sieu