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péfaction. Se pouvait-il qu’une telle joie leur échut ?

— Aubrine… ne me leurrez pas…

— Mais c’est bien vrai.

Mme Ritard, qui était dans sa cuisine, survint et Roger se dressa debout pour lui crier :

— Tu ne sais pas ce qu’Aubrine m’annonce ? Nous partons tous pour une cure d’air !

— Une cure d’air ? répéta Mme Ritard, incrédule ; mais qui paiera ?

— C’est père ! lança Aubrine radieuse. Nous étions riches, nous le sommes encore, et papa nous offre ce séjour pour que Roger guérisse plus vite.

Parfois, dans la vie, on est bien obligé de croire aux miracles. Mme Ritard, toute titubante d’émotion, se laissa tomber sur une chaise et elle remercia Dieu. Elle avait beaucoup de mal à reprendre ses esprits et elle regardait, sans les voir, les deux fiancés qui, la main dans la main, parlaient du proche départ.

Les préparatifs furent rapidement menés.

À l’aide des meilleurs transports, avec toute la facilité que donne la richesse, Mme Ritard et son fils accomplirent un voyage de rêve.

Tout se passa selon le programme de M. Vital.

Roger fut rapidement installé dans un excellent sanatorium. Il lui semblait que l’air le revivifiait déjà. Tout l’intéressait et il ne pouvait assez remercier M. Vital.

Quant à Mme Ritard, elle n’était pas encore remise de sa surprise et, chaque matin, en se réveillant dans cet air régénérateur, elle se demandait si ce qu’elle rêvait était réel.

Aubrine ne se connaissait plus de joie. En toute sincérité, elle ne s’enorgueillissait pas de l’aisance retrouvée pour soi-même, elle pensait surtout à la douceur qu’elle donnait à son fiancé. Elle était tout illusion et se figurait que la santé serait de nouveau le lot de Roger.

Au long des jours les deux jeunes gens s’entretenaient de sujets qui allaient de l’enfance d’Aubrine aux projets d’avenir. Roger aimait entendre la jeune fille parler de ses jours joyeux passés à la campagne et du plaisir qu’elle aurait à lui montrer tous les coins de la propriété. Une extase brillait dans ses yeux et il attendait avec impatience le moment où il lui serait permis de quitter l’oasis actuelle, qui, bien que séduisante, ne valait pas pour lui la santé reconquise.

Pendant un mois des progrès furent réalisés, mais ensuite, par intermittence, le pauvre Roger reprenait de la fièvre et la faiblesse le terrassait. Sa mère voyait clair et tremblait. Mais ni lui ni Aubrine ne s’apercevaient de la réalité. Le docteur traitant arrivait avec son sourire réconfortant et disait :