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Mme Ritard reprenait espoir, le docteur constatant que les symptômes diminuaient de gravité..

Enfin, le neuvième jour, Roger se réveilla normalement après un sommeil réparateur. Il était sauvé et Aubrine fut admise à le voir.

Elle faillit pousser un cri en découvrant le visage maigri, aux yeux cernés de celui qu’elle aimait.

Se pouvait-il que la maladie l’eut changé à ce point ? Une grande pitié l’envahit et elle lui prit les mains en pleurant :

— Cher Roger… que j’ai été malheureuse de vous savoir touché dans votre santé. Nos mères n’ont pas voulu que je vienne plus tôt.

— Je ne vous aurais ni vue, ni reconnue…

Que sa voix était changée, basse, faible, sans inflexions.

Mme Vital vint arracher sa fille à cet entretien :

— Il ne faut pas fatiguer notre convalescent.

Quelques jours glissèrent durant lesquels Roger parut faire des progrès. Il put se lever un peu, mais il toussait par moments d’une toux qui l’étouffait. Le docteur était encourageant et Mme Ritard éloignait d’elle le fantôme hideux qui la harcelait nuit et jour.

Un soir, le docteur, en sortant de chez le malade, entra chez les Vital. Il avait appris qu’ils étaient voisins et, ayant vu cette dame assidue au chevet du jeune homme, il avait d’abord cru à une parente, mais il avait été détrompé.

Il trouva seuls M. et Mme Vital et, tout de suite, il aborda franchement le sujet.

— Votre jeune voisin est perdu… cette congestion pulmonaire a développé deux lésions des poumons.

« Naturellement, s’il pouvait aller dans un bon sanatorium, le bon air, la suralimentation le prolongeraient, mais dans les conditions matérielles de ces malheureux, je ne puis leur faire miroiter ce déplacement. »

Les deux époux se regardèrent et se comprirent.

M. Vital prit la parole :

— Nous nous chargeons de conduire Roger Ritard dans le meilleur sana que vous nous indiquerez… C’est le fiancé de notre fille et nous lui donnerons toutes les satisfactions que la fortune peut procurer.

Abasourdi, le docteur observait ses deux interlocuteurs en se demandant s’il ne se trouvait pas devant un cas exceptionnel de folie.

M. Vital prit sur lui d’expliquer la situation étrange qu’ils avaient provoquée et le docteur trouva cette idée aussi originale que radicale.

Après avoir donné son appréciation sur ces circonstances, il