Page:Fiel - Petite Cousette jolie, 1947.djvu/30

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 28 —

étonnant. Je reprends pleine confiance dans la jeunesse d’aujourd’hui…

La semaine passe, assez soucieuse pour les parents, mais ensoleillée pour Aubrine.

Le samedi, la journée de ce capricieux avril avait été chaude et, le soir, une bourrasque de vent et de pluie s’était abattue, semant le froid.

Roger travaillait sur son chantier. Il était couvert de transpiration et il ne put aborder un abri que lorsqu’il fut trempé.

En rentrant chez lui, des frissons le parcouraient,

— Qu’as-tu ? demanda sa mère tout de suite apeurée.

— Je ne sais pas… je suis gelé…

— Tu vas prendre ton potage… cela te réchauffera.

— Je n’ai pas faim du tout… Je vais me coucher… puis tu m’apporteras un peu de vin chaud.

Sa mère le lui donna quelques minutes après, puis il s’assoupit, assommé par la fièvre.

Le lendemain matin, il délirait. Sa mère, folle de peur, descendit chez la concierge pour qu’elle cherchât un docteur, qui vint rapidement.

Son diagnostic fut bref.

— C’est une grave congestion pulmonaire. Il faudra des soins très précis… Y a-t-il dans l’ascendance des cas de tuberculose ?

Ce que la pauvre mère redoutait tant se dressa devant ses yeux terrifiés comme un spectre, et elle murmura, défaillante :

— Son père…

Le docteur vit l’émotion de la malheureuse et il dit, très vite :

— Ne vous alarmez pas, la médecine a des ressources. Nous allons suivre de près cet accident et, ensuite, nous traiterons l’état général. Quelques semaines dans une altitude et votre fils sera sur pied.

À peine Mme Ritard entendait-elle ces mots. Elle restait sous l’impression de la terreur.

Cependant, elle se reprit pour retrouver son malade qui restait prostré.

Quand Aubrine se présenta, ce dimanche, pour le chercher, car ils avaient convenu d’aller à la messe ensemble, elle fut atterrée par la nouvelle que Mme Ritard lui apprit en pleurant. Elle ne put voir Roger, mais deux fois par jour elle vint demander de ses nouvelles en offrant ses services.

Mme Vital vint aussi, et elle remplaça la mère auprès du malade, comme une infirmière dévouée.