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Près de moi se tenait le neveu Galiret.

Je n’eus pas un sourire pour lui répondre. Je me contentai de le regarder avec des yeux si froids, si hautains, qu’il sourit avec ironie en me disant :

— C’est bon, c’est bon, vous n’avez pas besoin de me foudroyer du regard. Je sais que l’amour n’est pas encore venu, mais je saurai me faire aimer…

Ah ! comme je l’aurais écrasé ! Une telle fureur me possédait que ce fut un miracle qu’il ne perçût pas le grincement de mes dents. Je le trouvais vulgaire, avec, en plus, un air triomphant qui m’exaspérait. L’aimer ! Quelle prétention ! Je sentis tout de suite qu’une haine magnifique s’emparait de moi.

— Alors, Mademoiselle, c’est donc oui ?

J’eus un frisson. Un brouillard passa devant mes yeux. Il me semblait que j’allais m’évanouir, et il fallait prononcer ce oui fatal. Il le fallait pour mon cher papa. Je ne cache pas qu’à