Page:Fiel - Mon erreur, paru dans La Croix du 22 mai au 14 juillet 1949.djvu/85

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

extrême, bien que le temps lui manquât pour étudier, ses occupations ménagères absorbant presque tous ses loisirs.

Ce fut le moment de faire allusion au concierge et à sa femme.

Mme Durand n’est pas infirme ? s’informa maman.

— Oh ! non, mais elle est repasseuse, et, comme sa clientèle est importante, j’ai la charge du ménage, bien qu’une femme de journée m’y aide un peu.

On ne pouvait pas s’imaginer cette élégante jeune fille dans des besognes ingrates. Je regardai ses mains à la dérobée, afin de me convaincre de leur esclavage, et je ne doutai plus : les doigts rouges, striés de raies sombres, indiquaient le maniement d’instruments ménagers. Ces mains-là, certainement ne se livraient pas à la manucure.

Berthe Durand exposait ces choses sans respect humain, et l’on ne pouvait qu’admirer sa parfaite simplicité, telle une grande dame privée tout à coup de ses domestiques et qui délaisse sa bergère à oreillettes pour se rendre aux cuisines.

Mon père demanda :

— Et M. Durand se porte-t-il toujours bien ?

— Fort bien, Monsieur. Il est très occupé par sa charge, et il se montre si complaisant avec les employés et les visiteurs que ceux-ci en abusent.

— J’irai le voir sans tarder, reprit mon père.

— Il en sera certainement très touché, Monsieur.

— Depuis combien de temps est-il à Nîmes ?