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— Vos parents seraient pourtant bien heureux… Ce serait la récompense des soins qu’ils vous ont donnés…

J’avalais ma salive avec peine. Je frappais le sol avec force de mes talons agités. J’aurais voulu rentrer sous terre, ne plus exister, m’envoler en poussière.

Ah ! pour mes parents j’accomplissais bien autre chose que je ne pouvais révéler. Je fus sur le point de me confier, mais je m’arrêtai. Mlle Clarseil eût été indignée et se serait précipitée dans ma famille, afin que celle-ci m’interdise ce sacrifice.

Et alors mon cher papa eût été en butte aux méchancetés de ce Galiret de malheur.

J’essayai de reconquérir ma fermeté et persuadai Mlle Clarseil d’attendre un peu.

— Vous comprenez, grande amie, que je ne puis me décider ainsi. Ces jours derniers encore, j’arrangeais ma vie de célibataire. Mais comme la fidélité muette de Robert Darèle me touche, il se peut que je réfléchisse. Cependant, soyez discrète vis-à-vis de lui… Quand je me déciderai, je vous préviendrai… Il ne faut pas que j’ai l’air d’hésiter, cela ne serait pas aimable… Donc, pas un mot… Je vais procéder à mon évolution, et ensuite je parlerai à mes parents.

J’affectais d’être gaie en prononçant ces phrases qui me faisaient un mal affreux.

Je savais pertinemment que je refuserais ce si charmant jeune homme et que j’épouserais l’autre, à la grande stupéfaction de tous.

Tout à coup, une idée me vint :

— Cette famille Darèle, si bien posée,