Page:Fiel - Mon erreur, paru dans La Croix du 22 mai au 14 juillet 1949.djvu/73

Cette page a été validée par deux contributeurs.

mots, parce que, tout naturellement, je pensai au neveu Galiret.

Nous quittâmes bientôt ces ruines, et, durant le trajet du retour, Mlle Clarseil me demanda :

— Êtes-vous toujours réfractaire au mariage ?

Cette question me fit sursauter. La dernière fois que j’avais vu mon amie, je lui avais fermement déclaré que je ne me marierais pas. Devais-je aujourd’hui affirmer le contraire ?

Je n’eus pas à chercher longtemps. Tout de suite, elle me dit, craignant sans doute que j’opposasse une dénégation énergique à ce qu’elle me soumettrait :

— Je connais un bien aimable jeune homme…

Je tremblais au fond de moi, tandis qu’elle reprenait :

— C’est le fils d’une de nos amies, Mme Darèle.

— Oh ! m’exclamai-je involontairement.

La famille Darèle passait pour une des meilleures de l’endroit. Mme Darèle était une femme très appréciée, dont tout le monde disait du bien. Maman était en relations avec elle. Quant à ses fils, Léo les connaissait davantage que nous, ayant été condisciple à l’aîné. Il s’appelait Robert et se destinait à la magistrature. Un semblable candidat à ma main ne pouvait que me flatter et ma famille aussi. La fortune, l’homme, l’honneur, la réputation étaient l’apanage de ces personnes que l’on estimait grandement et dont on briguait les invitations.