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— Vous avez raison, mais cela me semblera long… Il est vrai que je puis avoir la chance de vous rencontrer.

Cette phrase fut accentuée par un rire cavalier qui me déplut profondément.

Je repris sèchement :

— Vous me feriez le plus grand plaisir en cessant cette poursuite. Elle m’est très désagréable. Nous sommes connus dans la ville, et je ne veux pas de tache sur ma réputation. Il est déjà suffisant que je vous ai laissé me parler aussi longtemps.

Il comprit sans doute qu’il me devait quelques égards, parce qu’il répliqua en me regardant fixement, comme s’il voulait sceller une promesse :

— Vous avez ma parole, j’ai la vôtre, et je ne vous guetterai plus. Je serai à la Tourmagne mercredi, à 15 heures.

— C’est entendu ! acquiesçai-je, heureuse d’être délivrée de sa présence.

Sans plus attendre, je le quittai, évitant de lui serrer la main, alors que, contrairement à tous les usages, il me la tendait, non sans une certaine timidité.

Ah ! comme je me pressais ! Il me semblait qu’à mesure que je m’éloignais hors de cette présence, le malheur se détachait de moi. Cependant, je ne parvenais pas encore à soupeser mes idées selon leur importance.

Sur ce quai de La Fontaine que je longeais, je ne voyais rien, ni passants, ni maisons. Je ne mesurais pas plus le temps que les trajets, et je me croyais dans un désert.

Je parvins dans la rue des Lombards. Ordinairement, le retour à la maison me causait