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Je me sentais tout autre. J’étais calme et cependant envahie d’intrépidité. Il me semblait que je venais de conquérir la vie.

Nîmes se déroulait devant mes yeux et plus encore devant mon imagination. J’en voyais défiler les beautés fières et je n’étais pas moins fière qu’elles. Le beau jardin, la Tour Magne, la Maison Carrée, les Arènes, l’esplanade devenaient de nouveau des amis chers.

J’aimais la poussière des rues, les feuilles flétries qui se détachaient de nos micocouliers, de nos platanes, et le soleil, dont les rayons cuisaient la tête. Tout cela était encore de la beauté pour moi, parce que toutes ces manifestations parlaient à mon cœur enivré.

Et, plus loin, la grande plaine désertique captait encore ma faveur. J’aimais ces espaces où pullulaient les pierres, entre lesquelles quelques oliviers montraient péniblement des feuilles aux reflets d’argent. Je me réjouissais d’aller, au printemps, revoir les iris sortant des roches et, en automne, les azeroliers aux fruits écarlates.

— Ma chérie, me dit Robert, que voient donc vos yeux ?

— C’est mon cœur qui me transfigure. Robert, parce qu’il s’élève en hymne pour remercier Dieu de ma félicité.

FIN