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depuis quelques jours, elle me serra sur son cœur en disant :

— Attendrissante petite sotte !

Sans vergogne, je pleurais sur son épaule. Avec mes larmes s’envolaient les pénibles impressions des heures passées. Une vie venait de finir en moi et une autre ressuscitait.

— Ma chérie… Ma chérie…, répétait mon amie. Ce que vous envisagiez là était un projet horrible ! Votre avenir n’aurait été qu’un long calvaire.

— J’ai eu si peur pour papa, bégayai-je.

— Vous êtes une pauvre naïve enfant, avec trop de cœur.

Ces instants d’intense émotion traversés, je repris mon sourire et ma force.

— Et maintenant ? questionna Mlle Clarseil avec un éclair de malice dans les yeux.

Je compris tout de suite que l’idée qui lui était chère venait se poser au premier rang de sa pensée et je m’écriai :

— Il ne sera pas trop tard ? Croyez-vous qu’« il » oubliera mes refus ?

— J’en suis sûre. Depuis avant-hier, « il » aura eu beaucoup de chagrin, beaucoup de jalousie, mais tout cela va se dissoudre comme une bulle de savon en entendant les mots inattendus…

— Lesquels ? dis-je, éperdue, l’esprit en déroute, tellement l’émotion me secouait.

— Vous allez juger…