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tous avant leur venue, même si Léo n’avait pas narré l’accident d’auto.

— Je ne crois pas qu’ils viennent, reprit M. Durand ; j’ai rencontré M. Galiret hier. Nous nous connaissons, ayant habité tous deux à Uzès. Il est venu au château de Dareuil pour des réparations. Il était surpris du mariage de Berthe, et il m’a dit : « Est-ce vrai que votre fille, ou plutôt celle des châtelains de Dareuil. va épouser le fils Carade ? — C’est très vrai. — Ah ! » Et il a ajouté une ou deux phrases sur le temps, et il m’a quitté brusquement.

— Très bien ! Très bien ! s’exclama Léo. Il a pressenti que la situation devenait mauvaise. Je crois que nous nous sommes débarrassés de ces deux brigands…

La joie nous dominait tous. Berthe, maintenant, me parlait sans contrainte, parce qu’elle me voyait toute détendue. Tout ce qui m’arrivait me paraissait si miraculeux que je n’y croyais qu’avec peine. Ma future belle-sœur me disait, entre haut et bas :

— Et, malgré votre éloignement pour cette union, vous auriez persisté dans votre dessein ?

— Les menaces suspendues sur papa m’épouvantaient tellement !

— Je vous trouve admirable !

Je riais, en protestant que son appréciation était bien exagérée. J’estimais que je m’étais montrée bien naïve et peu expérimentée.