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lamentable, malgré l’émotion que j’éprouvais à faire ce récit. Cependant, à mesure que je parlais, la force me revenait. Alors que j’allais avoir fini, papa vint près de moi et m’entoura les épaules.

— Ma si chère et pauvre petite fille, murmura-t-il.

Maman pleurait et elle aussi, s’assit près de moi en prenant ma main, qu’elle pressa entre les siennes. Elle me contemplait à travers ses larmes.

— J’avais si peur, balbutiai-je, que l’on molestât papa… Ces gens m’épouvantaient…

— Chantage honteux ! s’écria papa.

— Tu aurais dû nous dire cela tout de suite, prononça Léo, on aurait réduit ces monstres en les accusant de corruption de fonctionnaire, avec le pot-de-vin offert !…

— Je n’avais pas de témoins, dit papa.

— Leur vie ne doit pas être nette, riposta Léo ; en cherchant dans leur passé, on aura sûrement trouvé quelques accrocs à l’honnêteté.

— Quant à moi, murmurai-je, je ne savais pas, je ne voyais qu’une chose : une menace affreuse sur père.

— Et tu as cru que ton mariage la briserait dit papa. Ma naïve enfant jamais ces vampires ne se seraient arrêtés ; tu aurais été une victime, et ils auraient essayé de tirer de moi toutes les entreprises qu’ils auraient pu, en m’insinuant que ton bonheur était à ce prix ! Si je n’avais pas consenti à leurs manœuvre tu serais devenue la plus misérable des créatures, entre ce Gouve et ce Galiret.