Page:Fiel - Mon erreur, paru dans La Croix du 22 mai au 14 juillet 1949.djvu/251

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Vous allez entendre une fameuse histoire !

— Sera-t-elle longue ? interrogea maman, parce que, ce soir, nous avons le fiancé de Monique avec son oncle.

— Vous aurez tout le temps de l’écouter avant qu’il arrive, riposta Léo, et il enchaîna : Vers 5 heures, une automobile qui allait trop vite a heurté un jeune garçon d’une dizaine d’années et l’a renversé. Pendant qu’on se précipitait au secours de l’enfant, la voiture filait en accélérant son allure. Vous jugez de l’indignation des badauds. Tout le monde criait en décernant les épithètes les plus désobligeantes à ce chauffeur sans conscience…

— C’est inadmissible ! s’écria maman. Ce jeune garçon était-il blessé ?

— À peine une meurtrissure à l’épaule.

— Ne pas s’inquiéter d’un blessé, c’est invraisemblable, murmura papa. A-t-on pu rattraper cet homme ?

— Oui, un agent en moto se trouvait là, et il n’a pas attendu qu’on lui dise de courir sus à ce sauvage. D’autres agents l’ont imité, et, au bout de la ville, l’automobiliste, qui se doutait qu’une meute le suivait, a donné toute sa vitesse. Il a eu un pneu crevé et s’est arrêté…

— La Providence veillait, dit maman

— On l’a empoigné, continua Léo. J’étais là quand on l’a amené au poste, où j’attendais sa venue, car j’avais cru reconnaître ce visage…

— Qui était-ce ? cria Vincent au comble de la curiosité

— Jean Gouve…

Le nom résonna comme un coup de canon.

Depuis quelques secondes, j’avais le pres-