Page:Fiel - Mon erreur, paru dans La Croix du 22 mai au 14 juillet 1949.djvu/246

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avons rien vu que de très naturel, ton père s’étant permis de la lire.

Je ne répondis pas. Après les brumes de mon retour à la conscience, le souvenir me revenait. Devant cette tendresse qui m’entourait, j’eus des remords. Comment pouvais-je cacher mon horrible secret à des parents si bons ?

Maman interrompit mes réflexions :

— Je me doutais bien que tu étais souffrante, tu as eu trop d’émotions depuis quelques jours… Te sens-tu vraiment mieux ?

— On ne peut mieux.

— J’ai fait appeler le docteur…

— Quelle peine inutile !

— Je serai plus tranquille. Il examinera ton père par la même occasion. Ne veux-tu rien prendre ? Un peu de bouillon ?

— Très volontiers.

— Tu me rassures. Je crois vraiment que ton état n’est pas grave. Nous allons dîner et nous viendrons près de toi, à tour de rôle.

Ma mère me laissa. Il me semblait que c’était le moment de tout avouer, mais je remis au lendemain cette confession, ne me sentant pas assez de force pour parler de ce long sujet. Je voulais aussi que tout le monde fût autour de moi.

Après avoir pris cette détermination, je fus plus calme. Une détente se produisit dans mon esprit et se répandit dans tous mes membres. Je compris qu’il était sage de ma part de dévoiler mon tourment avant que mes fiançailles fussent officielles… si elles le devenaient.

La nourriture légère que l’on m’apporta me