Page:Fiel - Mon erreur, paru dans La Croix du 22 mai au 14 juillet 1949.djvu/245

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ma chère fiancée,

J’irai vous voir demain soir, après dîner, avec mon oncle. Il demande à m’accompagner et je trouve cela naturel. Je vous embrasse tendrement.

Votre fiancé, J. G.

Mon sang se figea dans mes veines. Galiret serait là, demain, en face de mon père… Cet homme qui lui avait offert un sérieux pot-de-vin serait dans la maison, ainsi qu’un allié ! Je pensais même : comme un complice ! Que dirait papa quand il le reconnaîtrait ? Comprendrait-il mon épouvante et mon sacrifice ? M’en saurait-il gré ou jetterait-il un blâme sur ma conduite ?

Je ne savais plus… Je ne savais plus ! Tout à coup, il me semblait que je faisais fausse route. Tout ce chantage aurait-il pu se résoudre autrement si je n’avais pas été terrorisée par la santé de papa et les menaces de Gouve ?

Puis tout se confondit soudain dans mon cerveau, je ne pus rassembler mes idées, les murs se rapprochèrent, et je tombai évanouie.

Un quart d’heure après, m’a-t-on dit, je me réveillai dans mon lit. Maman était penchée au-dessus de mon visage, me demandant anxieusement si je me sentais mieux.

J’eus un sourire, un clair sourire de mon temps insouciant, et je répondis, réconfortée par la tendresse inquiète de maman.

— Tout à fait bien.

— Nous avons eu très peur que ce malaise ne soit causé par cette lettre, mais nous n’y